Fontaine Médicis (Jardin du Luxembourg, Paris)

Oeuvre de Auguste-Louis-Marie Ottin, XIXe siècle

Approchons-nous...

Deux corps enlacés. Bientôt séparés.

La pierre, qui les abrite maintenant, tuera l'un des amants.

Posé nonchalamment sur la main de Galatée, l'oiseau regarde ailleurs tandis qu'un oeil solitaire fixe le couple...

Voici le géant Polyphème. Son visage crie sa douleur silencieuse. Dans un instant, il va laisser libre cours à sa fureur.

Ecoutons Ovide nous raconter, dans ses Métamorphoses, ce qui s'est passé.

L'oeuvre littéraire, source d'inspiration de la fontaine

Quelques minutes avant le drame, Polyphème, désespéré, a tenté une fois encore de séduire Galatée. Il a entonné un chant d'amour où il a longuement listé les charmes de sa belle ("Galatée, (...), plus douce que des plumes de cygne et que du lait caillé, et, si tu ne me fuyais pas, plus belle qu'un jardin bien irrigué"), avant de lui adresser au moins autant de reproches ("plus épineuse que les ronces, (...), et, trait que je voudrais surtout pouvoir t'enlever, plus fuyante non seulement que le cerf pressé par des aboiements sonores, mais aussi que les vents et la brise prompte comme l'oiseau !").

Il a ensuite évoqué toutes les raisons qu'elle aurait de fondre pour lui : ses richesses et possessions (terres, fruits, bétail, ...), les attentions qu'il a envers elle ("J'ai trouvé aussi deux oursons, qui pourraient jouer avec toi"), son physique attirant (selon lui). Tout y passe : son visage, son corps, ses cheveux, son oeil, et même ses poils ! "Que mon corps soit hérissé de poils raides et épais, ne juge pas cela vilain ; un arbre sans feuillage serait laid, laid serait un cheval, si une fauve crinière ne couvrait son encolure ; les oiseaux sont couverts de plumes, les brebis tirent leur beauté leur laine ; il sied aux hommes d'avoir une barbe et un corps hérissé de poils." Malheursueemtn pour lui, rien n'y fait.

Rendu fou par le silence de celle qu'il aime passionnément, il part à sa recherche, "tel un taureau furieux quand sa vache lui a été enlevée". C'est alors qu'il la surprend dans les bras du bel Acis... C'est ce moment précis que nous illustre la fontaine.

Dans un instant, le cyclope furieux, déchiré, brisera un morceau de montagne et le lancera sur Acis. Le sang du malheureux ruisellera sous la roche. Galatée le transformera en fleuve, un fleuve de Sicile qui prend sa source au bord de l'Etna et se nommerait aujourd'hui Freddo.

Aller + loin :

Description de la fontaine sur le site du Sénat,
Extrait du texte d'Ovide (latin et français) sur Bibliotheca Classica Selecta.

Source du texte cité, extrait des Métamorphoses d'Ovide : Bibliotheca Classica Selecta - traduction nouvelle annotée par Anne-Marie Boxus et Jacques Poucet (2005-2009)

Il n'avait d'oeil que pour elle

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