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8 janvier 2015

Nuit sang lumière

Est-Ailes - Sous licence

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19 décembre 2014

Tour et ciel (3)

Est-Ailes - Sous licence

13 décembre 2014

Lumière dans la nuit

Est-Ailes - Sous licence

12 décembre 2014

L'Homme qui boude (incorrectement appelé "Le Penseur")

Est-Ailes - Sous licence

11 décembre 2014

Camaïeu vespéral

Est-Ailes - Sous licence

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9 décembre 2014

Galop immobile *

Est-Ailes - Sous licence*Photographie retouchée : recadrage (Paint)

8 décembre 2014

Cri du coeur

Est-Ailes - Sous licence

6 décembre 2014

Antiquités romaines

Est-Ailes - Sous licence

5 décembre 2014

Quand Dieu joue avec nos yeux

Est-Ailes - Sous licence

4 décembre 2014

Cri d'orage

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Parfois, Dieu doit être furieux...

Ce soir, j'ai rencontré deux hommes qui, tels des robots, sont restés figés dans une attitude absurde qu'ils ont osé étayer d'arguments.

Un puissant vent de révolte a jailli en moi et soufflé sur eux. Cachés derrière les murs de leur prison, ils sont demeurés inébranlables...

Il y a des lieux pour tout, en ville : boire un café ou les paroles d'un conférencier, nager, bronzer, baiser, se faire épiler ou enterrer, faire la sieste ou une balade en ballon, lire, naître, étudier, déposer une plainte ou une gerbe, apprendre à conduire, adopter un enfant ou un nouveau look, etc. Mais je ne connais aucun lieu pour crier de tout son coeur, de tout son corps, jusqu'à épuisement.

Le silence est une vertu. On a même inventé un geste pour dire "Chut !".

On a le droit de pleurer, de rire, de chanter, de parler, de chuchoter, de psalmodier, parfois même de roter. Mais hurler, laisser sortir de soi ce cri primal qui, lorsqu'il est contenu trop longtemps, nous ronge doucement, tel un cancer, non.

Quels adultes crient ? Ceux qui ne se contrôlent pas. Qui font peur. Qui ont les manches accrochées dans le dos.

Moi, parfois, j'ai envie de crier. Ce soir, par exemple. Quand l'un des deux hommes a voulu me prouver que son attitude était justifiée en sortant de sa poche... un règlement... Il m'a presque fait de la peine lorsqu'il m'a montré, avec son index : "Vous voyez, c'est écrit là"  et il a ajouté : "Noir sur blanc"... Que répondre ? Si les mots avaient été écrits en vert sur fond rose, est-ce qu'on aurait pu discuter ? J'ai eu envie de lui dire qu'il n'y a pas si longtemps, il y avait des panneaux à l'entrée des parcs publics disant "Interdit aux Juifs". Et puis, peut-être qu'une phrase écrite en tout petit, au dos, disait : "Attention, tout ce qui est écrit sur ce document est destiné à évaluer la capacité des gens à remettre en question un règlement stupide."

... Toujours est-il que ces deux rencontres m'ont fait réfléchir. Ces deux hommes, qui ne se connaissent pas, ont adopté cette même attitude, si répandue : celle qui consiste à se cacher derrière un règlement, derrière une soi-disant morale, derrière le qu'en-dira-ton, derrière son collègue qui a une grande g..., derrière des excuses, derrières des faux-semblants, derrières des grands principes, derrière sa dignité, derrière, derrière, derrière n'importe quoi pourvu qu'on soit bien derrière, que rien ne dépasse, que, surtout, on ne sorte pas du rang, du troupeau. Si jamais quelqu'un ose danser alors que les autres marchent au pas, le lapider, vite, qu'il chute, tel Icare, attiré par le Soleil. Pour qui se prenait-il ? L'homme est fait pour porter sa croix, non pour être porté par ses ailes. La légende le dit, c'est bien la preuve !

Ce soir, comme je ne peux pas crier sans attirer l'attention (inquiète) de mes centaines de voisins, je vais pousser un cri silencieux, sur ce blog. Un cri de révolte. De révolte contre les "Tu dois!" synonymes de "Tue-toi !", contre les morales synonymes de mort-râle, contre les règlements qui ne sont que beuglements, les ordres à tordre, les écrits noir sur blanc, les cris noirs dedans.

Dans Les Frères Karamazov, Dostoïevski raconte le retour de Jésus parmi les hommes, à Séville, durant l'Inquisition. Tout le monde le reconnaît immédiatement. La foule vient à lui, l'entoure. Pourtant, quand le cardinal Grand Inquisiteur donne l'ordre de l'arrêter, personne n'esquisse le moindre geste pour sauver le Sauveur.

La nuit, le Grand Inquisiteur rend visite à Jésus en prison et lui dit : "Pourquoi es-tu venu nous déranger? N'as-tu pas dit bien souvent : 'Je veux vous rendre libres.' Eh bien! Tu les as vus les hommes 'libres'? [...] Toi, tu veux aller au monde les mains vides, en prêchant aux hommes une liberté que leur sottise et leur ignorance naturelle les empêchent de comprendre, une liberté qui fait peur, car il n'y a pas, et il n'y a jamais rien eu, de plus intolérable pour l'homme et pour la société ! [...] Il n'y a pas, je te le répète, de souci plus cuisant pour l'homme que de trouver au plus tôt un être à qui déléguer ce don de la liberté. [...] Là encore tu te faisais une trop grande idée des hommes, car ce sont des esclaves."

Nombreux sont ceux qui mènent une vie sans s'interroger sur son sens. "C'est ainsi", disent-ils. Lorsqu'ils se révoltent, c'est pour dire, agacés : "Crois-tu donc que j'aie le choix ?"

Oui, je le crois. Je crois qu'on a le choix bien plus souvent qu'on veut bien le croire. Bien, bien plus. Car la plupart des murs de prison nous sont intérieurs.

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Comme un poisson dans l'eau...
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